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le Cantal au fil du temps

le Cantal au fil du temps

Généalogie et histoire locale


Lo cotso et le paiement du pain

Publié par Françoise PICOT sur 19 Mai 2022, 09:40am

Catégories : #Histoire locale - la vie autrefois

Jacques MALLOUET est né à Paris en 1928 de parents cantaliens. Il a fait son retour au pays en 1933 (Valette) et a consacré sa retraite à l’écriture.
De nombreux livres ont vu le jour (« Entre Dordogne et Puy Mary », « Jours d’Auvergne », « Auvergne de nos racines »... et bien d’autres).
Il fut chroniqueur au journal « la Montagne » et nous a laissé de nombreux témoignages.
Son but était de mieux faire connaître les coutumes, les légendes et les contes du Cantal.
Je pense que c’est lui rendre hommage de retranscrire quelques uns de ses textes.

HISTOIRE DE NOS VILLAGES  Objets insolites
« LO COTSO » et le paiement du pain
Extraits de « Entre Dordogne et Puy Mary »

Il y a quelque trente ans, peu nombreuses étaient les familles qui payaient comptant le pain nécessaire à la maisonnée. La dette était acquittée chaque semaine, parfois chaque mois.

Autrefois, pour éviter toute contestation lors du règlement, on utilisait un instrument rudimentaire, mais très astucieux, connu sous le nom de « lo cotso ».
En dialecte occitan du Nord Cantal, « faère uno cotso » signifie « marquer d’une encoche » un objet quelconque en bois, à l’aide d’un outil tranchant.... »

« ...Dans une haie, on coupait une tige de coudrier de deux ans, la plus rectiligne possible, sans nœud, et on l’écorçait, sauf à l’une de ses extrémités, où l’on conservait une largeur d’écorce d’une main environ. Un coup de couteau porté à plat sur cette partie, dégageait une surface de bois uni, sur laquelle on inscrivait le nom du client.... 
Tout prêt de cette sorte de manche non-écorcé, un second coup de couteau taillait un biseau atteignant à peu près le diamètre. Puis la tige était fendue sur toute la longueur... On obtenait ainsi deux morceaux nettement différents « lou masclè » (le mâle) portant le nom du client et « lo femno » (la femelle). »

 

En haut, le "mâle" conservé par le boulanger.
En bas la "femelle" propriété de l'acheteur.

« Un client se présentait à la boulangerie, demandait une livre de pain et désirait différer son paiement. Il présentait alors au boulanger la partie femelle de sa « cotso ». Dans la collection qu’il gardait chez lui, le commerçant recherchait le mâle correspondant, l’ajustait avec soin sur la femelle, reformant les deux parties l’une contre l’autre, il pratiquait au couteau une encoche. Il opérait de telle façon que les 2 morceaux en portassent l’empreinte.... Le client récupérait sa partie femelle tandis que le boulanger replaçait le mâle dans sa collection...
Il existait, bien sûr, des variantes pour indiquer l’achat d’une tourte ou d’une demi-tourte....

Le procédé était infaillible et ne permettait aucun trucage, aucune contestation... »

Cet objet insolite a disparu de nos jours.
Ce témoignage provient de la région de Riom-ès-Montagne et nous supposons que «lo cotso» était également utilisé dans tout le département. Nos anciens, peut-être, s’en souviennent.

Gilbert Vaurs qui nous a raconté ses souvenirs concernant la boulangerie de son grand-père à Polminhac, se souvient du "cotso".

"Jusqu'au décès de ma grand mère, la coche existait encore pour quelques familles (4 où 5) .
Avec ma cousine ils nous était demandé de ne jamais toucher à ces bâtons. Ils étaient fabriqués par le père Galéry le menuisier. Les deux parties tirées dans une règle carrée et identique au dessin ci-dessus.
Celui de la boulangerie avait le manche avec le nom du client marqué avec le crayon encre qu'il fallait mouiller avec les lèvres pour écrire. Je n'ai jamais revu ce genre de crayon. Je crois que c'était violet !

N'hésitez pas à témoigner si vous avez des souvenirs de cet objet "insolite".

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