Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

le Cantal au fil du temps

le Cantal au fil du temps

Généalogie et histoire locale


Rôle de la taille - paroisse de SAINT VINCENT DE SALERS en 1747

Publié par Françoise PICOT/Ph. FREYSSINIER sur 26 Février 2023, 11:38am

Catégories : #Histoire locale - la vie autrefois

Le rôle de la taille d'une paroisse est un document très intéressant à consulter. Il nous permet de visualiser le niveau de vie des habitants à une époque donnée.

Philippe FREYSSINIER m'a transmis, il y a quelques années, le rôle de la taille de la paroisse de Saint Vincent de Salers.
A cette occasion, il a écrit un article sur la définition des différents impôts auxquels pouvaient être soumis les sujets du royaume sous l'ancien régime, de parler de l'élaboration et de la perception de l'impôt royal direct que constituait la taille et enfin d'extraire de ce rôle de taille quelques informations sur l'état de la paroisse de SAINT VINCENT au milieu du XVIIIème siècle.

Le document est assez long ! Pour ceux qui sont intéressés par ce sujet, vous trouverez ci-dessous le lien pour y accéder.

Lien vers l'ARTICLE Ph. FREYSSINIER Le rôle de la taille

Pour visualiser les tableaux en fin de document (page 21 à 25) donnant le détail des impositions de chaque chef de famille, il est nécessaire de zoomer.

J'ai extrait de cet article quelques élément concernant SAINT VINCENT :

SAINT VINCENT et la vallée du Mars sont situés dans la généralité de la province d’Auvergne établie à RIOM près de CLERMOND-FERRAND et dépend plus précisément dans l’Election qui est à MAURIAC.

L’Analyse du rôle de taille de 1747 concernant Saint Vincent

La 1ère page du rôle indique que Mr l’Intendant d’Auvergne Mgr Bonaventure Robert ROSSIGNOL a envoyé deux mandements qui permettent de connaitre l’ensemble des sommes imposées sur les habitants du lieu et paroisse de SAINT VINCENT. Celles-ci peuvent se schématiser de la façon suivante :

Détail des impositions de la paroisse

La paroisse de SAINT VINCENT a les caractéristiques globales suivantes :

  • Elle comporte à cette époque 155 maisons classées en 3 catégories (30 livres, 20 livres, 10 livres). Certains des assujettis à la taille ne sont imposés que sur une demi-maison suite au partage par héritage ou à la vie commune de différents foyers sous le même toit

  • Les terres chènevières, les terres labourables, les prés, les bois sont exploités très majoritairement par les propriétaires. Le bilan est un peu plus équilibré pour les repastils

  • La moitié des montagnes exprimées en tête d’herbage, qui constituent l’une des richesses de la région, est exploitée par des fermiers dans le cadre de l’affermage des grands domaines de SAINT VINCENT appartenant aux notables ou aux nobles de la région.

  • Les animaux présents sur la paroisse étaient nombreux avec une prédilection pour les bovins et les ovins.

  • On remarque sur la paroisse la présence de 83 ruches à miel qui sont détenues par 16 propriétaires. Cette activité est marginale en revenu sur la paroisse mais malgré tout pratiquée par 10% de la population. Le plus gros propriétaire de ruches est Georges BOUDERIE, probablement sur Broussouze

  • La surface des bois sur la paroisse est insignifiante

  • 175 chefs de famille sont imposés sur la paroisse. Parmi ceux-ci, seulement 21 exercent une activité autre que l’exploitation de la terre pour eux-mêmes ou comme fermiers.

Détail des impositions de chaque chef de famille

Le document permet d’avoir une situation encore plus détaillée de la paroisse puisqu’il contient ensuite le détail de ce que chaque chef de famille possède ou déclare comme revenu pour pouvoir calculer la taille à laquelle il est assujetti et ensuite au marc la livre, les niveaux de capitation et de crue de taille auquel il est aussi soumis

Les impositions vont de 11 sols 10 deniers pour la personne la moins imposée à plus de 404 livres pour la plus imposée. L’imposition moyenne est de 71 livres et l’imposition médiane est de 37 livres

La province d’Auvergne compte environ 120 000 feux et paie environ 5 600 000 de taille, capitation et Crues à cette époque. L ‘imposition moyenne par feu sur la province est donc d’environ 47 livres. L’imposition sur SAINT VINCENT est donc en moyenne 50% plus élevée. Est-ce parce que les revenus sont plus forts ou parce que la paroisse est surimposée ?

Les consuls :
François LABOUREL qui est 30ème (sur 175) sur la liste des plus forts imposés de la paroisse.
Il paie au total un peu plus de 150 livres d’impôts (taille+ capitation+ crues). Il est propriétaire de sa maison qui est de la plus haute catégorie (30 livres) et possède des terres chènevières, des terres labourables, du foin et du repastil, 10 vaches mais aucune de montagne et donc pas de têtes d’herbage, 2 chèvres et 8 brebis. Il est l’un des 11 propriétaires de bœufs (2) qui existent sur la paroisse et l’un des 36 propriétaires de bois taillis (1 setérée). Ce François LABOUREL est probablement celui, fils de Jean LABOUREL et Catherine DUPUY qui se marie en 1737 avec Toinette MATHIEU et qui vit sur Coltures.
Les MATHIEU sont une des familles notables de SAINT VINCENT ce qui confirme le bon niveau social de François LABOUREL en accord avec son rang sur le classement des taillables.
Antoine et Hugues LAFARGE, conjointement qui sont 37èmes. Ils paient au total un peu plus de 117 livres d’impôts. Ils sont propriétaires d’une maison à 30 livres et possèdent des terres chènevières, des terres labourables et des chars de foins, 10 vaches , 2 chèvres, 12 brebis et 1 cochon mais ni bois ni têtes d’herbages. Le lien de parenté n’est pas précisé dans le document mais Hughes est probablement fils d’Antoine LAFARGE et de Marguerite SALIEGE et marié en 1736 avec Marie Anne LAFARGE dite BROQUIN. Ils vivent à Condamine ou au Meynial suivant les années.

Jean et Jean (ou Antoine suivant la partie du texte qui les cite) LESTREL qui sont 62èmes. Ils sont père et fils et possèdent une maison à 30 livres, des terres chènevières, des terres labourables et des chars de foin, 4 vaches, 2 chèvres , 6 brebis et 5 cochons. Il s’agit probablement de Jean LESTREL fils de Jean LESTREL et Marie JOURNIAC, marié avec Helis COLOMBIER en 1745 et qui vivent sur Bancharel.

L'industrie sur la paroisse :
Hormis l’écrasante majorité de propriétaires exploitants de la terre et des fermiers exploitants des grands domaines, la paroisse compte à cette époque :
- 4 hostes (aubergistes) : Pierre CHATONIER, Pierre et Gaspard PETIT à Coltures, Jean MAIGNE aux Vaulmiers, Pierre FABRE à la Moretie.
- 1 cabaretier : la veuve de Barthelemy ASTORGUES au lieu de Jondille. Ce doit être Marguerite BOYER, dont le mari est mort en 1744 et qui vit au Bourg de SAINT VINCENT;
- 2 maréchaux (ferrand) : Antoine CHANUT aux Vaulmiers , Jacques CHARBONNEL à La Moretie.
- 4 tisserands : François BANCHAREL, Jean BANCHAREL, Jean DUPUY à Coltures, Gaspard JARRIGE à Colture.
- 2 tailleurs d’habits : Gaspard PETIT à Coltures , François OLIVIER à la Moretie.
- 6 journaliers : Jean RAOUX, Guillaume CHADEFAUX, Antoine COUNIL, Antoine LAFARGE à Gromont , Jacques MAIGNE aux Vaulmiers, Jean VEYSSIERE et Catherine CHEVIALLE mariés à La Moretie.
- 2 brassiers : Jean VEYSSIER, Pierre LAFARGE et sa femme au Bancharel.
- 1 filandière : la veuve de Léger MAURY
qui habite Colture.

Si certains, notamment les journaliers, ne déclarent que leur activité comme revenus, d’autres génèrent plus de revenus par la terre ou les animaux qu’ils possèdent que par leur commerce.

Les 3 plus forts imposés de la paroisse sont :

  1. Gaubert et Jacques OLIVIER qui acquittent un peu plus de 404 livres d’impôts. Ils sont propriétaires de leur maison à 30 livres, de terres chenevières, de terres labourables, de char de foin et de respastil en quantité importante, de bois taillis, de 8 bœufs, 27 vaches de montagne qu’ils peuvent estiver sur 37 têtes d’herbage, de 3 cochons et de 2 ruches à miel. Les OLIVIER sont une grande famille de ST VINCENT sous l’Ancien régime et vivent à la Sabie. . ils ont donnés des notaires, des procureurs d’office, .... Ce Gaubert OLIVIER est très probablement celui marié à Françoise SOURZAC en 1706. Sa profession n’est pas mentionnée mais il est qualifié de Sieur dans les actes de baptêmes de certains de ses enfants. Il est probable que Jacques OLIVIER soit son fils qui est marié avec Magdelaine CHANCEL. Celui-ci est Lieutenant et notaire en la justice du Vaulmier du Seigneur d’APCHON

  2. Martin CONORT qui acquitte un peu plus de 398 livres d’impôt et possède un patrimoine semblable avec quelques surfaces de parcelles et 2 bœufs en moins mais cependant 20 brebis 2 chèvres que ne possèdent pas les OLIVIER. Les CONORT sont aussi une famille importante de la région. Sieur Martin CONORT Bourgeois Marchand de Colture est marié avec Demoiselle Marie Anne DUPUY depuis 1711 et est fils de Sieur Pierre CONORT marchand et Demoiselle Marguerite LAVERGNE. Marie Anne DUPUY est fille de Me Jean DUPUY Notaire à SALERS et Delle Toinette LAFAURGE. Lors de leur mariage, la Delle DUPUY reçoit en dot la somme de 3000 livres tandis que lui reçoit tous les biens de son père décédé dont l’inventaire a été dressé devant Me Jean DUPUY le 14/11/1700. La famille de marchands est incontestablement riche

  3. Nicolas MATHIEU qui vit à Condamine et acquitte un peu plus de 331 livres d’impôts. Il est propriétaire de sa maison, d’un petit peu moins de surface de parcelles et d’animaux que les deux précédents mais cela reste en quantité très importante. Il ne possède aucun bœuf. Nicolas MATHIEU est marchand et marié à Margueritte RAOUX en 1702. Leurs filles reçoivent plusieurs milliers de livres en dot chacune lors de leur mariage

A l’opposé, les contribuables qui acquittent le moins d’impôts se recrutent parmi les gens qui ne possèdent aucune maison, aucune terre ni aucun animal. Leurs seuls revenus sont assurés par leur profession. Sur les 9 personnes les moins imposées de la paroisse, 8 sont les journaliers ou brassiers de la paroisse cités précédemment qui déclarent entre 2,5 et 10 livres de revenu annuel et sont imposés grossièrement entre 0,5 livres et 2,5 livres ce qui représente un pourcentage non négligeable de leurs revenus faméliques.

La personne la moins imposée de la paroisse est une femme, dénommée la veuve de Léger MAURY, filandière de son état qui ne vit que du revenu de son travail estimé annuellement à 2 livres 10 sols et imposé à 11 sols 10 deniers. Elle n’est pas dénommée mais il ne peut s’agir que de Geneviève JOURDE mariée à un Ligier MAURY et qui vient juste de perdre son mari le 11/11/1746

Les grands domaines

Le détail du rôle de taille permet aussi de mesurer l’importance des grands domaines appartenant aux seigneurs ou aux notables de la région. Le tableau suivant liste l’ensemble des domaines exploités par des fermiers sur la paroisse, dans l’ordre d’importance (montant de la taille payée)

Sans surprise, être fermier d’un gros domaine est plutôt signe de richesse et sans surprise non plus, le plus gros propriétaire de la paroisse est Christophe DUFAYET de la TOUR, Sieur de la Borie marié depuis 1721 à Isabeau BROQUIN de MANCLAUX

Il n’est pas toujours facile d’identifier les différents propriétaires ou l’emplacement des domaines dans ce document. Le tableau ci-dessus reporte exactement ce qui est indiqué dans le rôle de taille. On peut cependant ajouter les informations suivantes :

  • Le Sieur ROLLAND habite SALERS et son domaine est sur Espinouze

  • Le nom du fermier du Sr de LAYAC n’est pas précisé dans le document. Le Sieur de LAYAC gendre de défunt Pierre Jean MATHIEU LAVERGNE est Jean BARON de LAYAC originaire de SAINT BONNET et vivant depuis son mariage avec Jeanne MATHIEU en 1742 à Lafarge sur la paroisse de SAINT VINCENT. Jeanne MATHIEU est fille de Pierre MATHIEU LASAIGNE (que l’on rencontre plus souvent que LAVERGNE) et de Delle Antoinette de TOURNEMIRE D’ESTILLOLS. Le domaine est très probablement sur Lafarge

  • Le Sieur de Bargues en 1747 est Me Jean André de CHAZETTES, Sieur de Bargues qui se présente dans les actes notariés comme « Ecuyer, Conseiller Secrétaire du Roy Maison Couronne de France » et demeure à SALERS. Le domaine est sur Espinouze

  • Le Sieur DUFAYET de la TOUR est le plus gros propriétaire sur la paroisse. Il y possède 4 autres domaines affermés soient dans l’ordre d’importance : le 1er situé au Coudonnier, le 2ème situé à Espinouze, le 3ème situé au Cher et le 4ème appelé "le Sarlat" près de Colture

  • LE sieur de ROMANANGES en 1747 est François de DOUHET, Seigneur de Romananges qui vit au château de Veysset à MOUSSAGES. Son domaine est sur Condamine

  • Le domaine du Sieur de MATHIEU procureur du Roi à SALERS est sur Gromont

  • La Marquise de PLEAUX est Marie Françoise de MONTCLAR-MONTBRUN qui avait épousé en 1711 Louis Christophe de GRENIER, Marquis de PLEAUX. Son domaine est sur Condamine

  • Le fermier de 28 têtes d'herbage de la montagne de La Saigne appartenant aux héritiers de Pierre Jean Mathieu LAVERGNE n’est pas précisé dans le rôle de taille

Malgré tout, certains grands propriétaires roturiers possèdent de grands domaines qu’ils exploitent eux-mêmes. Le tableau ci-dessous liste l’ensemble de ces domaines repérés par le fait qu’ils possèdent des têtes d’herbage.
7 des 10 taillables les plus imposés sont parmi ces propriétaires

La fin du document donne quelques dernières informations et notamment les exempts et privilégiés de taille qui sont :

  • Les Sieurs curé et vicaire qui ne jouissent d’aucun bien particulier. EN 1746, le curé de SAINT VINCENT est Pierre VACHE, né à MAURIAC et le vicaire est Jean CHATONNIER originaire de TRIZAC et qui succédera à Pierre VACHE comme curé de SAINT VINCENT en 1753

  • Christophe DUFAYET, Sieur de la TOUR de La Borie qui exploite à sa main, en plus des 4 domaines précédemment listés, un domaine situé au bourg de SAINT VINCENT

  • Noble Charles DESCORAILLES qui exploite à sa main le domaine situé à Chanterelle

  • Messire Antoine de TOURNEMIRE d’ESTILLOLS qui exploite à sa main un domaine situé à Roche

 

Cette étude a été effectuée par Philippe FREYSSINIER et je ne pourrai jamais assez le remercier pour le travail incroyable qu'il a effectué sur la paroisse de SAINT VINCENT DE SALERS.
Pour tous les généalogistes ayant des ancêtres issus de ce village (en 1747 Saint Vincent regroupait Le Vaulmier),  ils devraient sans aucun doute, en faisant défiler la liste des noms sur les derniers tableaux, retrouver la trace d'un ou plusieurs de leurs ancêtres.

Françoise PICOT

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents